Wonder Girls – Wonder World

Ayant pourtant suivi la construction classique d’un groupe de K-Pop, la formation Wonder Girls s’offre le privilège d’un statut iconique en Corée alors même qu’elle traîne depuis ses débuts en 2007 un maigre catalogue face à ses opposants.

A cela s’ajoutent des ambitions internationales l’ayant amené à davantage quitter le territoire que l’envahir, avec un succès limité au classement de la version anglaise du single Nobody le 26 Juin 2009 dans le Billboard Hot 100 : Une première pour un groupe coréen à l’époque.

Ainsi, dire que leur retour était fantasmé par une nation d’auditeurs élevés au Tell me Virus, était autant acquis que profondément dangereux pour la carrière des artistes, dans un milieu où les raz de marée des ventes sont aussi nombreux que dévastateurs pour ceux qui ne peuvent glisser le bout de leurs ondes au sommet des charts.

Image de prévisualisation YouTube

Au fond, difficile de ne pas avoir eu des sentiments mitigés devant le commencement marketing de ce deuxième album en stand by depuis quatre ans, baptisé très sobrement Wonder World, et ses premiers teasers contradictoires qui débouchaient sur le single lead, Be my baby, forte déception tant le titre – ennuyeux – se plaçait comme une carte de visite un peu salope de Noël, d’un album qu’il ne représente pourtant pas.

La force de Wonder World vient avant tout de son concept. Là où la première génération de groupes de K-Pop tente majoritairement (mais pas exclusivement, n’en déplaise à ses détracteurs) de suivre les tendances actuelles des styles musicaux en trending topic, des charts asiatiques pour les uns, et internationaux pour les autres, la JYP Entertainment a décidé avec une intelligence bienvenue de recentrer le style musical des filles autour de leurs personnalités et de leurs aspirations. Car au fond, plus pertinent que de forcer le genre, plus écoutable que de faire rapper les SNSD ou de refiler du TVXQ aux Super Junior, Wonder World est un album adapté aux talents, tessitures et capacités de mise en scène de ses artistes, avec leurs qualités et leurs limites.

De là en découle un album vigoureusement légitime, s’ouvrant sur le titre G.N.O, composée par Fredro (Sugababes), jonglant entre ses saxophones hachés, synthétiseurs européens et autre basse marquée pour fournir au final un titre addictif au possible, que l’on aurait préféré voir en cheval de Troie de ce nouvel album. L’orientation particulièrement dance du titre sera reprise et gonflée pour Sweet Dreams, entraînant mélange de K-Pop plus classique et de Jamiroquai, avant de s’envoler vers la brillante SuperB, hommage excitant et réussi aux années house music, composée par Kim Eana, déjà à l’origine – et sans surprise- de nombreux titres des Brown Eyed Girls.

Mais parce que les Wonder Girls aiment toucher à l’éclectisme sans pour autant se perdre dans l’incohérence, la claque Me, In, déjà entraperçue dans le premier teaser vendant l’album, et reprise du célèbre classique coréen « The Beauty » de Shin Jung Hyun, transforme le titre en piste rock courageuse qu’on rêve déjà, entre deux bons rifs bien gras, d’entonner avec un vrai plaisir coupable en live.

Me, In est aussi un titre fortement influencé par leurs voyages et entraînements successifs aux Etats Unis, leur première terre d’expatriation. Influence que l’on retrouve dans Nu Shoes, car au-delà de la bubblegum pop inhérentes aux Wonder Girls, le titre, moins accrocheur que les précédents voir parfois un peu gonflant, offre à la musique un rythme et un caractère catchy que l’on ne retrouvait pas ou peu dans la courte discographie des filles.  

Mais au-delà des titres uptempos, l’album Wonder World s’offrent aussi des balades savamment réussies, de la survivance R’n'B avec l’agréable Do Go Do Go, l’électronique et mid-tempo Dear Boy ou encore l’authentique même si peu surprenante Girls Girls.

Enfin, c’est en co-composant et co-écrivant la plupart des titres que les Wonder Girls s’offrent de grands moments adaptés à la culture de chacune de ses membres, des puissantes lignes Hip Hop de Act Cool rodées pour et par Lim en feat avec San E, à l’humaine Stop!, hymne dance pop effleurant avec pugnacité le sujet de la relation parfois sensible des artistes et certains de leurs fans.

Comme un Girl Aloud boosté au Kimchi, Wonder World est un petit bijou coréen, à mi chemin entre l’Orient et l’Occident, préférant se rebeller contre les normes de la K-Pop qui l’ont structuré plutôt que de plonger dans la succession d’adaptation aux tendances. Point d’intermèdes fatigués, autres remixes contestables ou titres ici pour le remplissage, le dernier né des Wonder Girls est une réussite en tout point où s’expriment les caractères de ses membres définitivement talentueux, une expérience de sagesse entre les enseignements multi-culturels, les hissant au sommet de la pyramide K-Pop de 2011.

 

 

 

 

Tags: jyp, k-pop, kpop, wonder girls, wonder world

A propos de Nunya

Perdu entre quelques chroniques, affres juridiques et amour immodéré de transmédia, Nunya est un jeune demi-chauve optimiste et passionné de culture populaire, particulièrement bien dans son époque.