O-susume: l’auberge Hanakiya à Kyoto

Il y a peu de temps, nous avons fait un voyage dans le Kansai, pendant lequel nous avons visité Kyoto. Nous avons été charmés par la ville, mais notre voyage n’aurait pas été le même si nous n’avions pas été logés à l’auberge Hanakiya.

Le Hanakiya est un petit établissement contenant seulement trois chambres d’hôtes, tenu par Madame Kataoka et dans lequel réside aussi sa famille. L’ambiance y est très chaleureuse, et nous ne pouvons que vous recommander cet endroit pour lequel nous avons eu un énorme coup de cœur !

 Pourquoi nous avons aimé le Hanakiya :

-          Son emplacement :  en plein Higashiyama, un quartier de Kyoto où ne se trouvent que des maisons anciennes, et à 5mn à pied du Kiyomizu-dera, l’un des temples immanquables à Kyoto. Visiter le temple (qui est habituellement bondé) au petit matin, sans personne d’autre que vous comme visiteurs, avec rien que les cris des corbeaux en bande son, c’est une sacrée expérience !

-          L’énergie et la bonne humeur de madame Kataoka. Cette petite dame, non contente de tenir son établissement de manière exemplaire, est extrêmement sympa et adore bavarder. Pour les non japonisants, elle parle un peu Anglais et sera ravie de vous donner des conseils et des astuces pour rendre votre voyage à Kyoto plus agréable. Vous aurez aussi l’occasion de croiser ses adorables enfants qui ne manqueront pas de vous saluer poliment.

Le temple Kiyomizu n’est qu’à deux pas.

-          L’expérience d’une véritable maison japonaise ancienne et chaleureuse. Le petit nombre de chambres d’hôtes permet une ambiance un peu plus intime. Les chambres sont toutes garnies de tatamis, et toutes les pièces sont décorées soigneusement à la mode japonaise. Nous avons extrêmement bien dormi grâce aux futons épais, et la grosse couette bien chaude qui nous a protégés du froid de l’hiver !

-          L’espace commun offre de nombreux avantages au voyageur : un ordinateur avec connexion internet, wi-fi gratuit, thé et café à volonté, de nombreux guides touristiques et cartes sont à disposition.

    

Les confortables futons.

Comme elle adore discuter, nous n’avons pas pu résister à l’envie de faire une petite interview de madame Kataoka, qui s’est avérée très enrichissante, et que nous vous présentons ici.

Interview de Madame Kataoka

 

Pouvez-vous vous présenter s’il vous plaît ?

-          Je m’appelle Eimi Kataoka. Cela fait huit ans que je tiens des chambres d’hôte à Kyoto. Tous les jours, je peux parler avec les sympathiques clients.

Pourquoi avez-vous décidé d’ouvrir ces chambres d’hôtes?

-          Au Japon, aujourd’hui encore, ce n’est pas très bien vu si la femme continue de travailler après qu’elle soit mariée et enceinte. Alors, quand j’étais enceinte, je me demandais si je ne pouvais pas faire quelque chose en rapport avec les étrangers, et j’ai eu l’idée d’ouvrir ces chambres d’hôtes. (Elle sourit).  Je me disais qu’en faisant cela, je pourrais à la fois veiller sur mes enfants, accueillir les hôtes, avoir une expérience amusante et aussi faire découvrir une maison japonaise typique aux clients. Je me disais que ce serait un environnement agréable, et j’ai décidé d’ouvrir mon établissement.

 Pourquoi avoir décidé d’ouvrir des chambres d’hôtes réservées exclusivement aux étrangers ?

-          Les Japonais connaissent déjà à quoi ressemble une maison japonaise, donc cela ne présente pas d’intérêt particulier pour eux.  Mais les étrangers ne connaissent pas les maisons japonaises, et si j’ouvrais l’établissement à tous, les clients japonais seraient plus nombreux et comme il n’y a que trois chambres, il n’y aurait plus de places pour les clients étrangers. C’est pour cela que je réserve les chambres exclusivement aux étrangers.

La décoration et les meubles sont typiquement japonais.

Vous avez dit qu’une fois mariée, vous vouliez faire quelque chose en rapport avec les étrangers. Pourquoi ?

-          C’est parce qu’à la base, après le lycée, j’ai étudié aux Etats-Unis pendant un an pour apprendre l’anglais, et en revenant au Japon j’ai travaillé dans un établissement d’arts martiaux. Je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup d’étrangers qui aimaient les arts martiaux, et par extension, le Japon. J’ai eu envie de profiter de la présence de tels étrangers aux Japon pour passer de bons moments avec eux.

Depuis que vous avez ouvert vos chambres d’hôtes, est-ce qu’il y a eu des moments particulièrement difficiles, ou au contraire des moments particulièrement joyeux ?

-          Le plus difficile, ça a vraiment été le tremblement de terre qui a eu lieu au printemps dernier. Jusqu’à ce moment-là, je recevais beaucoup de clients tous les jours, mais ensuite tout le monde a annulé, et je me suis demandé si j’allais pouvoir continuer à tenir mes chambres d’hôtes. Le Japon a subi de grands dommages à cause des problèmes de la centrale nucléaire, et je me demandais si les étrangers accepteraient de revenir un jour. J’étais vraiment très inquiète, mais depuis la fin des vacances d’été et l’automne, les clients reviennent petit à petit, et je suis un peu rassurée.
En ce qui concerne les bons côtés, il s’agit vraiment de pouvoir tenir les chambres d’hôte tout en élevant mes enfants. Depuis qu’ils sont tout petits, mes enfants peuvent avoir des contacts avec des étrangers, ils les voient tous les jours, et même s’ils ne peuvent leur dire que « Hello », ils peuvent voir des gens d’origine différente. Comme le Japon est une île, tout le monde à les cheveux noirs et se ressemble un peu, mais grâce aux clients, ils peuvent se rendre compte qu’il existe des langues différentes, qu’il y a des gens avec les cheveux blonds, les yeux bleus, les yeux noirs…  Je pense que c’est très bon pour eux de pouvoir évoluer dans un univers un peu international.  Et je trouve ça amusant de voir les clients assis ici sur les tatamis en buvant un thé, ou de les voir enlever leurs chaussures dans l’entrée pour entrer, ce genre de toutes petites choses (rires).

 

La salle commune avec boissons chaudes à volonté, guides et accès internet.

Selon vous, quelle est la particularité de Kyoto ? Pourquoi venir ici plutôt qu’ailleurs ?

-          Kyoto possède une histoire vieille de plus de mille ans. Quand j’étais jeune, les jeunes Japonais s’intéressaient à la culture américaine, ou européenne, et ils voulaient vivre dans des maisons modernes. Mais aujourd’hui, la manière de penser change, et petit à petit, les jeunes ont envie de protéger les choses plus anciennes. Les jeunes se disent « Ah, c’était bien quand on est allé en voyage scolaire à Kyoto », ils pensent beaucoup aux choses japonaises. Dans mon cas, quand j’étais jeune, j’adorais les voyages à l’étranger et je n’allais que là-bas. C’est une fois à l’étranger que j’ai pu voir le Japon depuis un point de vue extérieur. A Tokyo, d’autres cultures ont été assimilées et ça ressemble un peu à New-York, mais à Kyoto, c’est un peu le Japon dans le Japon. C’est comme ça que tout le monde commence à considérer la ville, et même parmi les jeunes, certains viennent pour se promener en kimono, ou dorment dans une auberge traditionnelle japonaise plutôt que dans un hôtel. C’est un phénomène qui prend de l’ampleur. En venant à Kyoto, on peut faire l’expérience de l’ancien Japon. De plus, ce n’est ni vraiment la grande ville, ni vraiment la campagne. Il y a beaucoup de temples, et c’est une ville historique. C’est pour cela qu’elle est attrayante.

Est-ce que vous avez souvent des clients français ?

-          Oui, il y en a beaucoup. Ils ont commencé à venir de plus en plus depuis il y a environ trois ans. A ce moment-là, ils me disaient « Je ne savais pas que le Japon était aussi bon marché ! », parce que l’euro était fort, et il valait à peu près 150 yens. Je leur disais « Vous devriez conseiller à vos amis de venir ! » (rires) mais maintenant l’euro a baissé.  Il y a de plus en plus de Français. Même après les problèmes avec la centrale, les premiers clients à revenir ici ont été les Français. Je crois que les Français sont les plus nombreux. Comment va l’économie Française ?

 En ce moment, le yen est assez fort par rapport à l’euro. Un euro vaut à peu près 100 yens.

-          Pourtant les Français viennent quand même. Il y a même des gens du guide Michelin qui sont venus ici. (rires)

Comment sont les clients français ?

-          Au début, ils étaient un peu froids, mais ces derniers temps il y a beaucoup de Français très amicaux et sympas.

Vous êtes déjà venue en France dans le cadre de votre ancien travail dans les arts martiaux. Est-ce que vous avez quelque chose à nous raconter à ce sujet, une petite anecdote ?

-          Je me souviens que comme c’était la période de Noël, toute la ville était très belle, et tout ce que je regardais me faisait penser à des pierres précieuses. Les bâtiments étaient très différents de ceux du Japon, et puis, les baguettes étaient vraiment très bonnes (rires). J’ai pris le train, et il y avait une femme qui avait une baguette qui dépassait de son sac. Ca sentait très bon. Soudain, elle a mordu directement dans la baguette, et je me suis dit que ça sentait tellement bon qu’elle n’avait pas pu attendre d’être rentrée à la maison (rires). Même pour les Français qui sont habitués, la baguette est quelque chose de particulièrement bon ! (rires)

C’est vrai, il arrive souvent que les Français en mangent un bout sur le chemin du retour.

-          Oui ! Ca m’a beaucoup surprise car au Japon, on ne fait jamais ça.

C’est mal vu de manger en marchant.

-          Ca peut arriver qu’on le fasse, mais qu’elle morde si soudainement dans son pain en plein milieu du train, ça m’a étonnée. C’était amusant (rires).

Merci beaucoup pour cette interview !

-          Merci à vous !

 

 L’une des rues adjacentes à l’établissement.

Si vous passez par Kyoto, ne manquez pas cet établissement. C’est l’occasion de faire la véritable expérience du « Kyoto » ancien. Nous espérons que vous y ferez un aussi bon séjour que le notre, car nous nous sommes immédiatement sentis « chez nous » au Hanakiya et comptons bien y retourner l’été prochain. 

Vous pouvez retrouver le Hanakiya sur Facebook en cliquant ICI.

Tags: auberge, dormir, japon, kyoto

A propos de Akane

Japanophile, droguée aux bouquins et aux jeux vidéos, cuisinière du dimanche, Akane aime toucher à tout mais ça ne dure jamais longtemps. Quand elle n'est pas sur le net, elle rêvasse.